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APPEL / LE COEUR LOURD / DURA LEX, SED LEX
APPEL
En proie à l'existence, à ce mal très cruel,
Je lance à l'infini mon douloureux appel...
A cette heure terrible et trouble de silence
Je ressens tout le mal aigu... Le soir encense...
Que dans ce crépuscule où s'enlise l'effroi
Quelqu'une vienne enfin pour me sauver... A moi!...
Lasse des faux baisers et des paroles creuses,
Que surviennent pour moi des heures moins fiévreuses!
Lasse de tous ces jours qui ne sont pas meilleurs,
Que je m'en aille enfin n'importe où, mais ailleurs!
LE COEUR LOURD
J'ai le cœur lourd, pourtant les voiles sont légères,
Et l'on entend voler les âmes passagères.
Toi que j'aime d'amour, te voici près de moi.
Tu m'as donné ton cœur, je t'ai donné ma foi.
Et nous voici parmi les choses amicales:
La verdure, la menthe et le cri des cigales.
D'où me vient ce chagrin parmi cette rumeur
Et d'où vient que mon cœur est si lourd?... O mon cœur!
DURA LEX, SED LEX
L'univers m'apparaît comme un songe mauvais...
Qui me dira sur quel chemin obscur je vais?
Qui me dira pourquoi mon cœur trop lourd se brise
Devant la froide horreur de la Chose Incomprise?
Je n'ai plus dans les yeux l'arc-en-ciel de l'Espoir.
Qui me dira pourquoi je tremble vers le soir?
En écoutant gémir la terre infortunée
Je sens trop, vers le soir, cette horreur d'être née.
Je le sais... Dure loi peut-être. C'est la loi.
Mais Toi, dans tout ce rêve abominable? Et Moi?
Renée Vivien - Haillons - 1909
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