• Les Amazones

     

     

    On voit errer au loin les yeux d'or des lionnes...

    L'Artemis, à qui plait l'orgueil des célibats,

    Qui sourit aux fronts purs sous les pures couronnes,

    Contemple cependant sans colère, là-bas,

    S'accomplir dans la nuit l'hymen des Amazones,

    Fier, et semblable au choc souverain des combats.

     

    Leur regard de dégoût enveloppe les mâles

    Engloutis sous les flots nocturnes du sommeil.

    L'ombre est lourde d'échos, de tiédeurs et de râles...

    Elles semblent attendre un frisson de réveil.

    La clarté se rapproche, et leurs prunelles pâles

    Victorieusement reflètent le soleil.

     

    Elles gardent une âme éclatante et sonore

    Où le rêve s'émousse, où l'amour s'abolit,

    Et ressentent, dans l'air affranchi de l'aurore,

    Le mépris du baiser et le dédain du lit.

    Leur chasteté tragique et sans faiblesse abhorre

    Les époux de hasard que le rut avilit.

     

    "Nous ne souffrirons pas que nos baisers sublimes

    Et l'éblouissement de nos bras glorieux

    Soient oubliés demain dans les lâches abîmes

    Où tombent les vaincus et les luxurieux.

    Nous vous immolerons ainsi que des victimes

    Des autels d'Artémis au geste impérieux.

     

    "Parmi les rayons morts et les cendres éteintes,

    Vos lèvres et vos yeux ne profaneront pas

    L'immortel souvenir d'héroïques étreintes.

    Loin de la couche obscène et de l'impur repas,

    Vous garderez au coeur nos tenaces empreintes

    Et nos soupirs mêlés aux soupirs du trépas!"

     

    Renée Vivien


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