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Par LLA le 29 Octobre 2013 à 10:38
Tes sombres anneaux d'améthyste
S'animent et tremblent un peu
Sous la jaune lueur du feu...
Au dehors la clarté persiste.
Accueillons le songe, donneur
D'enchantements et de féeries...
Mêlons nos âmes attendris
Et parlons de notre bonheur.
Parlons du bonheur, ma très chère,
Comme l'on parle d'un ami,
Evoquant, en l'âtre endormi,
Sa ressemblance familière...
Les choses semblent nous servir
Dans un empressement docile...
Chuchotons: "Mon âme tranquille
N'a plus de rêves d'avenir."
Le bonheur se fait mieux comprendre
Par les intimités d'hiver,
Lorsque flotte et pleure dans l'air
L'âme du crépuscule tendre.
Le bonheur est tissé d'oubli;
Il ne connaît pas l'espérance;
Il ressemble à la délivrance
Après le labeur accompli.
Et c'est le bonheur d'être assises
Toutes deux, auprès du foyer,
Et de voir le feu rougeoyer
En tes calmes prunelles grises.
C'est de taire les vains aveux
Et d'oublier les autres femmes,
En regardant luire les flammes
A travers tes profonds cheveux.
C'est de voir s'embraser l'automne
Dans l'âtre aux multiples reflets
Où croulent des tours, des palais,
Des façades et des colonnes...
Dans mon cœur qui frissonne un peu,
Un sanglot d'autrefois persiste...
Vois comme le bonheur est triste,
Les soirs d'hivers, auprès du feu...
Renée VIVIEN - A l'Heure des Mains jointes - 1906
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Par LLA le 29 Octobre 2013 à 10:41
Semblant un feu de cheminée,
Le ciel s'enflamme dans l'azur.
Ton aura blanche sur le mur
Apparaît dans l'obscurité,
Avant de t'approcher de moi
Dans ta légendaire douceur.
Viens-tu me parler du bonheur
Présent, futur, et d'autrefois?
Le bonheur est simple à comprendre
Comme tu le disais hier,
Dans ces intimités d'hiver;
J'ajouterais, propice au tendre...
C'est le bonheur d'être allongées
L'une contre l'autre, immobiles,
Dans la pénombre si fragile
Où nous échangeons nos baisers.
En ce soir d'hiver, voici l'heure
Pour nous de laisser, sans tristesse,
Nos mots d'amour, notre tendresse,
Nous parler de notre bonheur.
L.
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Par LLA le 29 Octobre 2013 à 10:42
Je t'aime d'être faible et câline en mes bras
Et de chercher le sûr refuge de mes bras
Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras.
Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne,
Frêle image de la Déesse de l'automne
Que le soleil couchant illumine et couronne.
Je t'aime d'être lente et de marcher sans bruit
Et de parler très bas et de haïr le bruit,
Comme l'on fait dans la présence de la nuit.
Et je t'aime surtout d'être pâle et mourante,
Et de gémir avec des sanglots de mourante,
Dans le cruel plaisir qui s'acharne et tourmente.
Je t'aime d'être, ô sœur des reines de jadis,
Exilée au milieu des splendeurs de jadis,
Plus blanche qu'un reflet de lune sur un lys...
Je t'aime de ne point t'émouvoir, lorsque blême
Et tremblante je ne puis cacher mon front blême,
O toi qui ne sauras jamais combien je t'aime!
Renée VIVIEN - A l'Heure des Mains jointes - 1906
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Par LLA le 29 Octobre 2013 à 10:44
Je t'aime d'être toi et d'être près de moi,
D'être présente lorsque j'ai besoin de toi
Et de m'offrir le sûr refuge de tes bras.
Je t'aime également pour ce que tu me donnes,
Pour ce qui émane de toute ta personne,
Pour ces moments où divinement tu m'étonnes.
Je t'aime et j'aime aussi ton ombre qui me suit,
J'aime nos souvenirs d'hier et d'aujourd'hui,
Et de sentir ton corps contre moi chaque nuit.
Je t'aime d'être toi, si douce et si charmante,
Et d'aimer tout comme moi ces fleurs odorantes
Que sont les lys, toutes ces autres qui nous hantent.
Je t'aime et ce serait un terrible supplice,
Si je devais survivre sans toi, ô ma Miss,
Sans pouvoir te toucher ni être ta complice.
Je t'aime et j'aime pareillement tes poèmes,
Et à toi qui me les dédicaces, là même,
Je viens te dire que tout simplement je t'aime.
L.
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Par LLA le 29 Octobre 2013 à 10:46
C'est l'heure où le désir implore et persuade...
Le monde est amoureux comme une sérénade,
Et l'air nocturne a des langueurs de sérénade.
Les ouvriers du soir, tes magiques amis,
Ont tissés d'or léger ta robe de samis
Et semé d'iris bleus la trame du samis.
Il me semble que nous venons l'une vers l'autre
Du fond d'un autrefois inconnu qui fut nôtre,
D'un pompeux et tragique autrefois qui fut nôtre.
Sur mes lèvres persiste un souvenir charmant.
Qui peut savoir? Je fus peut-être ton amant...
O ma Splendeur! Je fus naguère ton amant...
Une ombre de chagrin un peu cruel s'obstine,
Amenuisant encor ta bouche florentine...
Ah! ton sourire aigu de Dame florentine!
Mon souvenir est plus tenace qu'un espoir...
L'âme d'un page épris revit en moi ce soir,
D'un page qui chantait sous ton balcon, le soir...
Renée VIVIEN - A l'Heure des Mains jointes - 1906
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