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    Elle viendra tantôt, cette femme que j'aime!

    Son voile aux plis flottants a de nobles ampleurs...

    Vous qui savez chanter, chanter un beau poème...

    Et parsemez de fleurs et de fleurs et de fleurs

    Le chemin lumineux de la femme que j'aime.

     

    Elle viendra vers moi, très blanche dans le soir,

    Cette femme que j'aime entre toutes les femmes!

    Elle a le don de se vêtir et se mouvoir

    Et de marcher sans bruit ainsi que font les âmes...

    Combien son pas léger est charmant dans le soir!

     

    Qui dira la beauté de Celle qui s'approche

    Et m'apporte son cœur entre ses tendres mains?

    Son visage est parfait, son corps est sans reproche,

    Son regard ne craint pas l'ombre des lendemains.

    Elle sait que je l'aime, Elle vient et s'approche...

     

    Vierges qui l'entendez, éteignez les flambeaux,

    Disposez autour d'elle ainsi qu'une parure

    L'ombre douce qui rend les visages plus beaux,

    Le regard plus profond et la ligne plus pure...

    Je l'attends... Elle vient... Eteignez les flambeaux.

     

     

    Renée VIVIEN - Sillages - 1908


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    Elle vient me rejoindre à l'approche du soir

    Et, discrète, elle attend que je m'en aperçoive.

    Elle éclaire ma vie d'un bienfaisant espoir...

    Rêvant secrètement d'entendre sa voix suave,

    J'attends ce moment où je pourrai la revoir.

     

    Elle est, comment vous dire, un ange de douceur,

    Sa présence me rend divinement sereine.

    J'ai gravé, sans regret, son prénom sur mon cœur

    Pour qu'elle sache que je ne suis rien que sienne,

    Que sans elle je ne conçois plus de bonheur.

     

    Attentionnée, elle sait ce qui me ravie.

    Non contente d'avoir effacé ma tristesse,

    Elle vient me couvrir de fleurs toutes les nuits.

    Elle seule a pour moi cette infinie tendresse

    Qui, depuis, chaque jour illumine ma vie.

     

    Tantôt, je lui demanderai de m'épouser,

    Lorsqu'elle reviendra se blottir dans mes bras.

    Je l'aime, elle le sait, et pour l'éternité

    Je souhaiterai que se rejoignent nos auras...

    Qu'elle me dise oui et je serai comblée.

     

    L.


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    C'est l'heure du réveil... Soulève tes paupières...

    Au loin la luciole aiguise ses lumières,

    Et le blême asphodèle a des souffles d'amour.

    La nuit vient: hâte-toi, mon étrange compagne,

    Car la lune a verdi le bleu de la montagne,

    Car la nuit est à nous comme les autres jours.

     

    Je n'entends, au milieu des forêts taciturnes,

    Que le bruit de ta robe et des ailes nocturnes,

    Et la fleur d'aconit, aux blancs mornes et froids,

    Exhale ses parfums et ses poisons intimes...

    Un arbre, traversé du souffle des abîmes,

    Tend vers nous ses rameaux, crochus comme des doigts.

     

    Le bleu nocturne coule et s'épand... A cette heure,

    la joie est plus ardente et l'angoisse meilleure,

    Le souvenir est beau comme un palais détruit...

    Des feux follets courront le long de nos vertèbres,

    Car l'âme ressuscite au profond des ténèbres,

    Et l'on ne redevient soi-même que la nuit.

     

     

    Renée VIVIEN - Evocations - 1903 


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    L'heure est proche, ma mie, déjà la nuit revient

    Et nous allons pouvoir nous retrouver enfin.

    Si nul n'a conscience de ma métamorphose,

    Comme les autres soirs et toute emplie de joie,

    Impatiente, mon âme retourne vers toi

    Ce, tandis que mon corps fatigué se repose...

     

    Nous nous envolerons dans les champs d'asphodèles

    Vers la lune complice à l'autre bout du ciel,

    Et ta main dans la mienne, tu m'emmèneras

    Dans d'autres dimensions ou bien dans d'autres temps

    Pour me faire admirer de splendides couchants

    Ou, plus simplement, pour me prendre dans tes bras.

     

    O Douce, étant donné que la nuit est à nous

    Et que l'heure est propice aux aveux les plus doux,

    En te tenant serrée contre moi, fermement,

    Je te dirai les mots que tu voulais entendre

    Tout en te couvrant de mes baisers les plus tendres

    Car je t'aime, reçois en ici le serment.

     

    L.


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    Ainsi, l'on se contemple avec des yeux sacrés

    Devant l'autel des mers et sur l'autel des près...

     

    Toi dont la chevelure en plis d'or illumine,

    Tu m'as fait partager ton essence divine...

     

    Et tu m'as emportée au fond même du ciel,

    O toi que l'on adore, ô l'Etre essentiel!

     

    Tes yeux ont le regard que n'ont point d'autres femmes...

    Et ce fut, pour nous, comme une rencontre d'âmes.

     

    Mon cœur nouveau renaît de mon cœur d'autrefois...

    Que dire de tes yeux? Que dire de ta voix?

     

    O ma splendeur parfaite, ô ma toute Adorée!

    La mer était en nous, unie à l'empyrée!

     

     

    Renée VIVIEN - Dans un Coin de Violettes - 1909


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