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    Tes mains ont saccagé mes trésors les plus rares,

    Et mon coeur est captif entre tes mains barbares.

     

    Tu secouas au vent du nord tes longs cheveux

    Et j'ai dit aussitôt: Je veux ce que tu veux.

     

    Mais je te hais pourtant d'être ainsi ton domaine,

    Ta serve... Mais je sens que ma révolte est vaine.

     

    Je te hais cependant d'avoir subi tes lois,

    D'avoir senti mon coeur près de ton coeur sournois...

     

    Et parfois je regrette, en cette splendeur rare

    Qu'est pour moi ton amour, la liberté barbare...

     

    Renée Vivien


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    Ainsi, l'on se contemple avec des yeux sacrés

    Devant l'autel des mers et sur l'autel des prés...

     

    Toi dont la chevelure en plis d'or illumine;

    Tu m'as fait partager ton essence divine...

     

    Et tu m'as emportée au fond même du ciel,

    O toi que l'on adore, ô l'Etre Essentiel!

     

    Tes yeux ont le regard que n'ont point d'autres femmes...

    Et ce fut, pour nous, comme une rencontre d'âmes.

     

    Mon coeur nouveau renaît de mon coeur d'autrefois...

    Que dire de tes yeux? Que dire de ta voix?

     

    O ma splendeur parfaite, ô ma Toute Adorée!

    La mer était en nous, unie à l'empyrée!

     

    Renée Vivien


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    Oui, j'endure aujourd'hui le pire des tourments,

    Tu m'as menti... Tu m'as trompée... Et tu me mens!...

     

    Mensonge caressant qui glisse de ta bouche!

    O serment que l'on croit, ô parole qui touche!

     

    O multiples douleurs qui s'abattent sur vous

    Ainsi qu'un petit vent pluvieusement doux!...

     

    Comme un lilas ne peut devenir asphodèle,

    Jamais tu ne seras ni franche ni fidèle.

     

    Tu seras celle-là qui se dérobe et fuit

    Plus sinueusement qu'un démon dans la nuit.

     

    O toi que j'aime encor! L'horreur de ton mensonge

    Est dans mon coeur amer... Il me mord, il me ronge...

     

    Je suis lasse d'avoir suivi les noirs chemins...

    Col frêle qu'on voudrait prendre entre ses deux mains!

     

    Renée Vivien


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    J'abriterai dans un sanctuaire d'Asie

    Mon éternel besoin d'ombre et de poésie.

     

    Là-bas, guettant les mille et trois Dieux aux pieds d'or,

    Des prêtres, jour et nuit, veillent sur leur trésor.

     

    Oui, désespérément, je fixe mon exode

    Vers ce refuge énorme et sombre de pagode,

     

    Où, dressant vers le ciel les lotus léthéens,

    Les étangs dorment leurs sommeils paludéens.

     

    Renée Vivien


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    Elle est venue avec ses cheveux et sa robe,

    Sa robe de beau pourpre et ses beaux cheveux d'or!

     

    Et mon âme aussitôt a pris un prompt essor

    Dans l'ivresse du cher instant que l'on dérobe!...

     

    Mon coeur lourd est léger comme une bulle d'or,

    Puisque je la revois près de moi revenue!

     

    Et comme en un miracle, apparue, advenue,

    Une aile de chimère a repris son essor!

     

    Renée Vivien


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