•  

     

    Parle-moi, de ta voix pareille à l'eau courante,

    Lorsque s'est ralenti le souffle des aveux.

    Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux,

    Mais berce-moi de ta mélopée enivrante.

     

    De ce timbre voilé qui m'attriste et m'enchante,

    Lorsque mon front s'égare en tes vagues cheveux,

    Exprime tes espoirs, tes regrets et tes voeux,

    O mon harmonieuse et musicale amante!

     

    Et moi, j'écouterai ta voix et son doux chant.

    Je ne comprendrai plus, j'écouterai, cherchant,

    Sinon l'entier oubli, du moins la somnolence.

     

    Car si tu t'arrêtais, ne fût-ce qu'un moment,

    J'entendrais... j'entendrais au profond du silence

    Quelque chose d'affreux qui pleure horriblement.

     

    Renée Vivien


    votre commentaire
  •  

     

    Ta forme est un éclair qui laisse les bras vides,

    Ton sourire est l'instant que l'on ne peut saisir...

    Tu fuis, lorsque l'appel de mes lèvres avides

                     T'implore, ô mon Désir!

     

    Plus froide que l'Espoir, ta caresse cruelle

    Passe comme un parfum et meurt comme un reflet.

    Ah! l'éternelle faim et la soif éternelle

                     Et l'éternel regret!

     

    Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère

    Vers qui tendent toujours les voeux inapaisés...

    Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère

                     De tes rares baisers!

     

    Renée Vivien


    votre commentaire
  •  

     

    La lumière agonise et meurt à tes genoux.

    Viens, ô toi dont le front impénétrable et doux

    Porte l'accablement des pesantes années:

    Douloureuse et les traits mortellement pâlis,

    Viens, sans autre parfum dans ta robe à longs plis

    Que le souffle des fleurs depuis longtemps fanées.

     

    Viens, sans fard à ta lèvre où brûle mon désir,

    Sans anneaux, - le rubis, l'opale et le saphir

    Déshonorent tes doigts laiteux comme la lune, -

    Et bannis de tes yeux les reflets du miroir...

    Voici l'heure très simple et très chaste du soir

    Où la couleur oppresse, où le luxe importune.

     

    Délivre ton chagrin du sourire éternel,

    Exhale ta souffrance en un sincère appel:

    Les choses d'autrefois, si cruelles et folles,

    Laissons-les au silence, au lointain, à la mort...

    Dans le rêve qui sait consoler de l'effort,

    Oublions cette fièvre ancienne des paroles.

     

    Je baiserai tes mains et tes divins pieds nus,

    Et nos coeurs pleureront de s'être méconnus,

    Pleureront les mots vils et les gestes infâmes.

    Des vols s'attarderont dans la paix des chemins...

    Tu joindras la blancheur mystique de tes mains,

    Et je t'adorerai, dans l'ombre où sont les âmes.

     

    Renée Vivien


    votre commentaire
  •  

     

                                                    ... quand à mon sanglot: et que

                                                    les vents orageux l'emporte

                                                    pour les souffrances!

                                                                                    Psappha

     

    Je te méprise enfin, souffrance passagère!

    J'ai relevé mon front. J'ai fini de pleurer.

    Mon âme est affranchie, et ton ombre légère

    Dans les nuits sans repos ne vient plus l'effleurer.

     

    Aujourd'hui je souris à l'aube qui nous blesse.

    O vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs,

    D'une âcre odeur de sel ranimes ma faiblesse,

    O vent du large! emporte à jamais les douleurs!

     

    Emporte les douleurs au loin, d'un grand coup d'aile,

    Afin que le bonheur éclate, triomphal,

    Dans nos coeurs où l'orgueil divin se renouvelle,

    Tournés vers le soleil, les chants et l'idéal!

     

    Renée Vivien


    votre commentaire
  •  

     

    Le vol de la chauve-souris,

    Tortueux, angoissé, bizarre,

    Aux battements d'ailes meurtris,

    Revient et s'éloigne et s'égare.

     

    N'as-tu pas senti qu'un moment,

    Ivre de ses souffrances vaines,

    Mon âme allait éperdument

    Vers tes chères lèvres lointaines?

     

    Renée Vivien


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique