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Par LLA le 5 Novembre 2013 à 11:33
Parle-moi, de ta voix pareille à l'eau courante,
Lorsque s'est ralenti le souffle des aveux.
Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux,
Mais berce-moi de ta mélopée enivrante.
De ce timbre voilé qui m'attriste et m'enchante,
Lorsque mon front s'égare en tes vagues cheveux,
Exprime tes espoirs, tes regrets et tes voeux,
O mon harmonieuse et musicale amante!
Et moi, j'écouterai ta voix et son doux chant.
Je ne comprendrai plus, j'écouterai, cherchant,
Sinon l'entier oubli, du moins la somnolence.
Car si tu t'arrêtais, ne fût-ce qu'un moment,
J'entendrais... j'entendrais au profond du silence
Quelque chose d'affreux qui pleure horriblement.
Renée Vivien
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Par LLA le 5 Novembre 2013 à 11:36
Ta forme est un éclair qui laisse les bras vides,
Ton sourire est l'instant que l'on ne peut saisir...
Tu fuis, lorsque l'appel de mes lèvres avides
T'implore, ô mon Désir!
Plus froide que l'Espoir, ta caresse cruelle
Passe comme un parfum et meurt comme un reflet.
Ah! l'éternelle faim et la soif éternelle
Et l'éternel regret!
Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère
Vers qui tendent toujours les voeux inapaisés...
Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère
De tes rares baisers!
Renée Vivien
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Par LLA le 5 Novembre 2013 à 13:54
La lumière agonise et meurt à tes genoux.
Viens, ô toi dont le front impénétrable et doux
Porte l'accablement des pesantes années:
Douloureuse et les traits mortellement pâlis,
Viens, sans autre parfum dans ta robe à longs plis
Que le souffle des fleurs depuis longtemps fanées.
Viens, sans fard à ta lèvre où brûle mon désir,
Sans anneaux, - le rubis, l'opale et le saphir
Déshonorent tes doigts laiteux comme la lune, -
Et bannis de tes yeux les reflets du miroir...
Voici l'heure très simple et très chaste du soir
Où la couleur oppresse, où le luxe importune.
Délivre ton chagrin du sourire éternel,
Exhale ta souffrance en un sincère appel:
Les choses d'autrefois, si cruelles et folles,
Laissons-les au silence, au lointain, à la mort...
Dans le rêve qui sait consoler de l'effort,
Oublions cette fièvre ancienne des paroles.
Je baiserai tes mains et tes divins pieds nus,
Et nos coeurs pleureront de s'être méconnus,
Pleureront les mots vils et les gestes infâmes.
Des vols s'attarderont dans la paix des chemins...
Tu joindras la blancheur mystique de tes mains,
Et je t'adorerai, dans l'ombre où sont les âmes.
Renée Vivien
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Par LLA le 5 Novembre 2013 à 13:58
... quand à mon sanglot: et que
les vents orageux l'emporte
pour les souffrances!
Psappha
Je te méprise enfin, souffrance passagère!
J'ai relevé mon front. J'ai fini de pleurer.
Mon âme est affranchie, et ton ombre légère
Dans les nuits sans repos ne vient plus l'effleurer.
Aujourd'hui je souris à l'aube qui nous blesse.
O vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs,
D'une âcre odeur de sel ranimes ma faiblesse,
O vent du large! emporte à jamais les douleurs!
Emporte les douleurs au loin, d'un grand coup d'aile,
Afin que le bonheur éclate, triomphal,
Dans nos coeurs où l'orgueil divin se renouvelle,
Tournés vers le soleil, les chants et l'idéal!
Renée Vivien
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Par LLA le 5 Novembre 2013 à 14:02
Le vol de la chauve-souris,
Tortueux, angoissé, bizarre,
Aux battements d'ailes meurtris,
Revient et s'éloigne et s'égare.
N'as-tu pas senti qu'un moment,
Ivre de ses souffrances vaines,
Mon âme allait éperdument
Vers tes chères lèvres lointaines?
Renée Vivien
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