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Par LLA le 8 Novembre 2013 à 13:03
Placez le filet et la rame et les voiles,
Pêcheurs, au-dessus de ce tombeau marin
Où dort Pélagôn, fils errant des étoiles
Et fils du Destin.
Ce Mort a connu les hasards de l'orage,
Le tourment des flots, les monstres de la mer,
La faim qui déchire et la soif qui ravage
Et le pain amer.
Mais le vent du large a gonflé sa poitrine
D'un souffle pareil à l'haleine des Dieux,
Et les pieds d'argent de Téthys la Divine
Ont ravi ses yeux.
Il a bu l'odeur et la couleur des vagues,
Le baiser du sel qui ranime et qui mord;
Il a vu flotter, ondoyantes et vagues,
Les brumes du Nord.
Placez le filet et la rame et les voiles,
Pêcheurs, au-dessus de ce tombeau marin
Où dort Pélagôn, fils errant des étoiles
Et fils du Destin.
Renée Vivien
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Par LLA le 8 Novembre 2013 à 13:05
Il est un ciel limpide où s'éteint le zéphyr,
Où la clarté se meurt sur les champs d'asphodèles,
Et là-bas, dans le vol de leur dernier soupir,
Vient l'âme sans espoir des Amantes fidèles.
Là-bas, la rose même a d'étranges pâleurs,
Les oiseaux n'ont qu'un chant égal et monotone,
Les terrestres parfums ont délaissé les fleurs,
Le soleil a toujours un sourire d'automne.
Elles passent, les yeux vaguement azurés,
Dans l'azur virginal de leur beauté première,
Effleurant de leur pas harmonieux les prés
Que leurs blancs vêtements parsèment de lumière.
Et le mouvant miroir de la source confond
Dans un même reflet les larges chevelures...
Les lueurs du couchant se mêlent à leur front:
Mais les baisers sont morts sur leurs lèvres très pures.
Elles ont recueilli la flamme de l'autel
Qui brûle sous les yeux de la chaste Déesse,
Et gardé de l'Amour ce qu'il a d'éternel:
Le divin souvenir, le rêve et la tristesse.
Renée Vivien
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Par LLA le 8 Novembre 2013 à 13:08
Déesse de la Mort, pâle Perséphoné,
Dont l'Hadès recueillit les langueurs léthéennes,
Déesse dont le front semble un printemps fané,
Dont la voix est l'écho des voix élyséennes,
Déesse de la Mort, pâle Perséphoné,
Ouvre d'un geste lent ta chambre nuptiale,
Où l'éternel soupir des Morts vient s'apaiser,
A l'ombre de Timas, la vierge liliale
Qui n'a jamais connu le désir du baiser:
O Déesse, ouvre-lui ta chambre nuptiale!
Vois son manteau tissé d'étrange pourpre et d'or.
Sa parure dépasse en beauté les parures
Des reines de l'Egypte au fabuleux trésor...
Les vierges ont coupé leurs belles chevelures
Pour lui faire un manteau d'étrange pourpre et d'or.
Renée Vivien
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Par LLA le 8 Novembre 2013 à 13:10
Tout s'élargit. Le soir qui tombe est magnifique
Et vaste. Comme un Doge amoureux de la mer,
Parmi l'effeuillement des roses, la musique
Des luths, l'or qui flamboie ainsi qu'un rouge éclair,
Moi, j'irai, dominant le cortège mystique,
Et, somptueusement, j'épouserai la mer.
J'épouserai la mer, la souveraine amante.
Le parfum et le sel de son royal baiser
Irriteront la soif de ma bouche brûlante,
Et, tel un souvenir qui ne peut s'apaiser,
S'élèvera le vent des espaces qui chante
Dans le ciel nuptial l'infini du baiser.
Je verrai tressaillir l'ombre des hippocampes.
Les algues s'ouvriront comme s'ouvrent les fleurs,
Et le phosphore, aux bleus rayonnements de lampes,
Allumera pour moi de vivantes pâleurs:
Afin de couronner mes cheveux et mes tempes,
Les algues flotteront, plus belles que les fleurs.
Ainsi, laissant flotter mon corps à la dérive,
Je mêlerai mon âme à l'âme de la mer,
Je mêlerai mon souffle à la brise furtive.
Se dissolvant, légère et fluide, ma chair
Ne sera plus qu'un peu d'écume fugitive.
Dans la pourpre du soir j'épouserai la mer.
Renée Vivien
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