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    Vertigineusement, j'allais vers les Etoiles...

    Mon orgueil savourait le triomphe des dieux,

    Et mon vol déchirait, nuptial et joyeux,

    Les ténèbres d'été, comme de légers voiles...

     

    Dans un fuyant baiser d'hymen, je fus l'amant

    De la Nuit aux cheveux mêlés de violettes,

    Et les fleurs de tabac m'ouvraient leurs cassolettes

    D'ivoire, où tiédissait un souvenir dormant.

     

    Et je voyais plus haut la divine Pléiade...

    Je montais... J'atteignais le Silence Eternel...

    Lorsque je me brisai, comme un fauve arc-en-ciel,

    Jetant des lueurs d'or et d'onyx et de jade...

     

    J'étais l'éclair éteint et le rêve détruit...

    Ayant connu l'ardeur et l'effort de la lutte,

    La victoire et l'effroi monstrueux de la chute,

    J'étais l'astre tombé qui sombre dans la nuit.

     

    Renée Vivien


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    Ma Fée et ma Princesse aux paupières divines

                     Habite les ruines.

     

    Elle aime les lointains, les crépuscules gris

                     Et les chauves-souris.

     

    Elle va, toujours lente et toujours solitaire,

                     Se voilant de mystère.

     

    Elle a l'accablement des lys qui vont mourir,

                     Les yeux du souvenir.

     

    Doucement, elle frappe aux somnolentes portes

                     Où s'attardent les mortes.

     

    Elle écoute, le soir, hululer les hiboux

                     Aux chants rares et doux...

     

    Ma Fée et ma Princesse aux paupières divines

                     Habite les ruines.

     

    Renée Vivien


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    Des roses sur la mer, des roses dans le soir,

    Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses!

    J'aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir

    Ses fines cendres d'or et ses poussières roses...

     

    Des roses sur la mer, des roses dans le soir.

     

    Un songe évocateur tient mes paupières closes.

    J'attends, ne sachant trop ce que j'attends en vain,

    Devant la mer pareille aux boucliers d'airain,

    Et te voici venue en m'apportant des roses...

     

    O roses dans le ciel et le soir! O mes roses!

     

    Renée Vivien


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    O vierges qui goûtez la fraîcheur des fontaines,

    Etres de solitude avides d'infini,

    Fuyez la Satyresse aux prunelles hautaines,

    Au regard que l'éclat du soleil a terni.

    Sa fauve chevelure est semblable aux crinières

    Et son pas est le pas nocturne des lions.

     

    Sa couche a le parfum du thym et des bruyères.

    Elle veut l'heure intense où sombrent les rayons:

    C'est l'heure qu'elle attend pour emporter sa proie,

    Les seins inviolés, les fronts et les yeux purs,

    Qu'elle aime et qu'elle immole à l'excès de sa joie,

    Qu'elle imprègne à jamais de ses désirs obscurs.

    Son passage flétrit la fraîcheur des fontaines,

    Son haleine corrompt les songes d'infini

    Et verse le regret des luxures hautaines

    Au rêve que l'odeur des baisers a terni.

     

    Renée Vivien


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    De leurs tendres pieds les femmes de la Crète

    Ont pressé la fleur de l'herbe du printemps...

    Je les vis livrer à la brise inquiète

                     Leurs cheveux flottants.

     

    Leurs robes avaient l'ondoiement des marées.

    Elles ont mêlé leurs chants de clairs appels

    En rythmant le rire et les danses sacrées

                     Autour des autels.

     

    Renée Vivien


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