•  

                                    Thespia, de belle race, hospitalière,

                                    aimée des Muses...

     

    Effeuillons les lauriers noirs comme tes prunelles,

    Thespia! moissonnons le myrte et le cerfeuil,

    Car, pour glorifier tes paupières très belles,

    Les Piérides tressaient leurs roses sur ton seuil.

     

    Les pâtres te louaient, femme de belle race,

    Et t'apportaient les fruits dorés de la saison.

    Les étoiles brillaient, moins claires que ta face:

    Tu fus hospitalière en ta noble maison.

     

    Dans tout le glorieux pays, depuis l'aurore,

    Les Aèdes ont célébré tes sourcils bruns.

    La phorminx aux mains des Kitharèdes t'honore

    Pour ta sagesse et ton sourire et tes parfums.

     

    Renée Vivien


    votre commentaire
  •  

                                    ... et je blâme aussi la mélodieuse Myrtis

                                    de ce que, étant femme, elle entra en

                                    rivalité avec Pindare.

     

    Oh! les flots empourprés que frappent les rameurs,

    Et la Mort qui grimace à travers les murailles!

    Pourquoi, Myrtis, jeter les sanglantes clameurs

    Des buccins dominant le fracas des batailles?

     

    La gloire est un flambeau que le silence éteint.

    O Myrtis, la victoire est une courtisane,

    Et celui qui la frappe est celui qui l'étreint.

    Le sage a le dégoût de son baiser profane.

     

    Chante le soir, l'ampleur des collines et l'air

    Pacifique, le temple où pâlit la pensée,

    Et le flot qui frémit, plus troublant que la chair...

    Ta voix consolera l'Aphrodite blessée.

     

    Car la voix d'une femme, ô Myrtis, doit savoir

    Moduler lentement ses langueurs incertaines,

    Elle doit s'allier au silence du soir

    Et se mêler au frais murmure des fontaines.

     

    Renée Vivien


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire
  •  

    Le soir nuançait l'or d'Hellas

      De pourpre égyptienne:

    J'offris la coupe d'hypocras

      A la Musicienne...

    Elle errait en riant, auprès

    Des aloès et des cyprès

    Et des roches aux bleus de grès

      Myrtis l'Ionienne.

     

    Elle évoquait les bords du Styx,

      Les asphodèles jaunes,

    Où les sphinx aux ongles d'onyx

      S'étirent près des Faunes,

    Et dans la strophe, comme un choc

    De boucliers d'or contre un roc

    Où le marbre sommeille en bloc,

      Luttaient les Amazones.

     

    La mélodieuse Myrtis

      Aux paupières divines,

    Livre ses cheveux de maïs

      Aux brises des collines.

    Elle ressuscite, à travers

    La blancheur de ses nobles vers,

    Vigoureux comme les hivers,

      L'âme des héroïnes.

     

    J'offris la coupe d'hypocras

      A la Musicienne,

    Dont le vers mêle aux ors d'Hellas

      La pourpre égyptienne,

    A la vierge qui passe auprès

    Des aloès et des cyprès

    Et des roches aux bleus de grès,

      Myrtis l'Ionienne.

     

    Renée Vivien


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique