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Par LLA le 4 Avril 2014 à 14:57
Thespia, de belle race, hospitalière,
aimée des Muses...
Effeuillons les lauriers noirs comme tes prunelles,
Thespia! moissonnons le myrte et le cerfeuil,
Car, pour glorifier tes paupières très belles,
Les Piérides tressaient leurs roses sur ton seuil.
Les pâtres te louaient, femme de belle race,
Et t'apportaient les fruits dorés de la saison.
Les étoiles brillaient, moins claires que ta face:
Tu fus hospitalière en ta noble maison.
Dans tout le glorieux pays, depuis l'aurore,
Les Aèdes ont célébré tes sourcils bruns.
La phorminx aux mains des Kitharèdes t'honore
Pour ta sagesse et ton sourire et tes parfums.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 14:59
... et je blâme aussi la mélodieuse Myrtis
de ce que, étant femme, elle entra en
rivalité avec Pindare.
Oh! les flots empourprés que frappent les rameurs,
Et la Mort qui grimace à travers les murailles!
Pourquoi, Myrtis, jeter les sanglantes clameurs
Des buccins dominant le fracas des batailles?
La gloire est un flambeau que le silence éteint.
O Myrtis, la victoire est une courtisane,
Et celui qui la frappe est celui qui l'étreint.
Le sage a le dégoût de son baiser profane.
Chante le soir, l'ampleur des collines et l'air
Pacifique, le temple où pâlit la pensée,
Et le flot qui frémit, plus troublant que la chair...
Ta voix consolera l'Aphrodite blessée.
Car la voix d'une femme, ô Myrtis, doit savoir
Moduler lentement ses langueurs incertaines,
Elle doit s'allier au silence du soir
Et se mêler au frais murmure des fontaines.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 15:07
Le soir nuançait l'or d'Hellas
De pourpre égyptienne:
J'offris la coupe d'hypocras
A la Musicienne...
Elle errait en riant, auprès
Des aloès et des cyprès
Et des roches aux bleus de grès
Myrtis l'Ionienne.
Elle évoquait les bords du Styx,
Les asphodèles jaunes,
Où les sphinx aux ongles d'onyx
S'étirent près des Faunes,
Et dans la strophe, comme un choc
De boucliers d'or contre un roc
Où le marbre sommeille en bloc,
Luttaient les Amazones.
La mélodieuse Myrtis
Aux paupières divines,
Livre ses cheveux de maïs
Aux brises des collines.
Elle ressuscite, à travers
La blancheur de ses nobles vers,
Vigoureux comme les hivers,
L'âme des héroïnes.
J'offris la coupe d'hypocras
A la Musicienne,
Dont le vers mêle aux ors d'Hellas
La pourpre égyptienne,
A la vierge qui passe auprès
Des aloès et des cyprès
Et des roches aux bleus de grès,
Myrtis l'Ionienne.
Renée Vivien
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