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Par LLA le 4 Avril 2014 à 15:28
Fille de l'Arès, Constance belle et rude,
Tes yeux, où l'effroi du passé brûle encor,
Sont pareils aux yeux noirs de la solitude
Sous ton réseau d'or.
Dans un ciel massif tu demeures, mortelle,
L'Infini dans tes regards extasiés,
Que Sélanna règne ou que Phoibos attelle
Ses fougueux coursiers.
Un pâle troupeau d'âmes crépusculaires,
Réprimant les pleurs et les lâches sanglots,
T'obéit, ô toi qui brise les colères
Lascives des flots.
Tu vois sans terreur la tempête qui fume
Et le sang futur empourprer le Levant,
Toi qui sais dompter le tonnerre et l'écume
Et le cri du vent.
Le Temps détruira les Dieux, mais le Temps même
Ne changera pas ton sourire d'airain:
Tu sais opposer à l'Ananké suprême
Ton mépris serein.
O toi l'Invaincue, ô toi l'Inaccessible,
Tes paupières ont le doux pli de la mort;
Tu sembles rêver, telle en son lit paisible
La vierge qui dort.
Tes tempes sans fleurs ont dédaigné la palme.
Le couchant a moins de paix que ton orgueil,
Et le rocher moins de grandeur et de calme
Que ton grave seuil.
Semblable à la nuit où s'éteignent les flammes
Et les roux éclairs de l'astre révolté,
Enseigne aux héros l'endurance des femmes
Et leur loyauté.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 15:31
L'ombre bleuit les monts sacrés
D'où Phoibé, lente, émerge.
Ses rayons coulent sur les prés
Comme l'eau sur la berge.
Pareil aux Pommes d'Or, le fruit
Du clair verger frissonne et luit;
Damophyla parle à la nuit:
"Je serai toujours vierge.
"Psappha me brûle de ses yeux.
Je toucherai, comme elle,
De mes bras étendus, les cieux
Que l'or des nuits constelle.
Je verrai l'avant des vaisseaux
Sillonner la pourpre des eaux,
Et les Muses aux beaux travaux
Me rendront Immortelle."
Elle dit, le front détourné,
Car l'être solitaire
Garde en son coeur prédestiné
Le songe et le mystère;
L'herbe a des bleus froids de lapis
Que percent des éclairs d'iris,
Et, triomphante, l'Artémis
Illumine la terre.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 15:43
Tissons l'hyacinthe et l'iris
En des trames confuses;
Je chanterai, sur le paktis,
L'Aphrodite et ses ruses.
Lève tes paupières sans fard
D'où coule un limpide regard:
Nous avons une bonne part
Dans les présents des Muses.
Ceins ton front chaste de lotos,
Ainsi qu'une danseuse
Tanagréenne au blanc péplos.
De ta voix d'amoureuse
Chante le mélos, de ta voix
Défaillante comme autrefois...
Divine écaille, sous nos doigts
Deviens harmonieuse.
Renée Vivien
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