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Par LLA le 4 Avril 2014 à 16:07
Elle est reconnaissable même ici. Voyez:
de Sabaithis c'est l'image par le corps et
l'âme magnanime. Regarde cette sérénité;
je crois voir aussi sa douceur. Réjouis-toi
beaucoup, femme heureuse.
Ceux qui ne l'ont point vue admirent Sabaithis.
Lointaine, on la contemple en sa beauté présente:
Voici ses bras de rose et ses yeux de lapis
Et ses cheveux dorés que la brise tourmente.
Passant, arrête-toi devant ce frais regard
Que la claire sagesse anime de sa flamme,
Et dans ces traits, plus doux que le miel et le nard,
Reconnais la splendeur visible de son âme.
Garde la douce paix sur ton front, et souris
En ta double splendeur de vierge et d'amoureuse,
Immortelle au milieu des rosiers défleuris...
Salut à ton triomphe, ô femme bienheureuse!
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 16:09
Il a paru qu'Aphrodite avait reçu avec
joie, en offrande, ce réseau de cheveux
de Samytha. Car il est ingénieusement
travaillé, et a une douce odeur de nektar,
de ce (nektar) dont elle oint aussi le bel
Adonis.
Dans l'ombre, d'où l'autel paré de flamme émerge,
L'offrande a réjoui la blanche Aphrodita:
Ce réseau, parfumé des cheveux d'une vierge,
Ce réseau qui ceignit le front de Samytha.
Le filet, savamment tissé par ses compagnes,
A l'odeur du nektar que tu versas jadis,
O Déesse! en l'azur des célestes montagnes,
Sur le corps puéril et souple d'Adonis.
Comme le mélilot et l'iris de la berge,
Ce filet réjouit la claire Aphrodita,
Car il est parfumé des cheveux d'une vierge,
Car il ceignit le front doré de Samytha.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 16:12
Kallô, ayant dessiné une image sur cette
planche, l'a offerte à la demeure de la
blonde Aphrodita, que cette image représente.
Combien elle est doucement figurée!
Vois comme y fleurit la grâce! Réjouis-toi:
car elle n'a aucun reproche dans sa vie.
La Déesse a jailli des mains de la mortelle,
Ressuscitant son rire immortellement clair,
Plus blanche que l'écume et les embruns, et telle
Que la virent jadis le soleil et la mer...
La Déesse a jailli des mains de la mortelle.
Car ainsi la voulut et la rêva Kallô,
Qui jadis vit monter jusqu'à son apogée
Hespéros, et plus tard, dans un tremblant halo,
Le char de Sélanna descendre vers l'Egée;
La Déesse a fleuri le songe de Kallô.
Les patientes mains qui pétrirent l'argile
Achevèrent enfin leur labeur triomphal.
Tu t'échappas, Kupris, dont l'haleine distille
L'ambre artificiel et le miel végétal,
Des patientes mains qui pétrirent l'argile.
La statue a surgi de l'ivoire et de l'or...
Et frissonnants, autour de ta forme divine,
Les passereaux de l'aube ont pris leur prompt essor.
L'Aphrodita, debout et chryséléphantine,
Illumine les flots gris de ses cheveux d'or.
Et les regards levés sur la Déesse nue,
La vierge est morte, ayant accompli son désir,
Car les penseurs brûlés de la fièvre inconnue
Qui réclament le songe impossible à saisir,
Meurent, les yeux levés sur la Déesse nue.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 16:14
... une femme de Locres... enfanta
d'autres (chants) pareils...
Moi, la Kitharède de Locres
Dont la voix triompha,
Dans le jour de safrans et d'ocres
Qui trace son alpha,
Et dans le couchant d'écarlate
Où l'âme des oeillets éclate
En véhémences d'aromate,
Je suis chère à Psappha.
La Prêtresse unique et multiple
Vint hier me choisir
Pour amoureuse et pour disciple
D'angoisse et de plaisir,
En me disant: "Vers les soirs tièdes,
Chante à la façon des Aèdes
La compagne que tu possèdes
Et qui fut ton désir.
"Dors sur le sein de ta maîtresse,
Comme moi près d'Atthis,
Lorsque la Nuit aux yeux bleus tresse
Ses couronnes d'iris..."
Par les tremblantes accalmies,
Ma voix aux craintes raffermies
Reprend les beaux choeurs des Amies,
Et mon nom est Nossis.
Renée Vivien
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Par LLA le 4 Avril 2014 à 16:16
... chère aux Muses et à elle aussi...
O Lesbos, je suis chère à Psappha l'Immortelle.
Elle entend, dans l'Hadès, mes fugaces accords
Et la vierge de mon désir lui semble belle.
Elle sourit parmi le nuage des Morts,
Quand je viens, attisant les tièdes cassolettes,
Cueillir ses violettes.
Je t'ai cherchée, ô fleur des Kharites! ô toi
Qu'on désire à travers les formes adorées,
Dans le mélos ployé sous une exacte loi
Et dans les flots sereins d'une mer sans marées,
Dans le rêve des gris oliviers, dans le chant
Funèbre du couchant.
Je n'ai point écouté les faiseurs de mensonges
Dont le souffle a terni la clarté de ton nom:
Je suis venue avec mes parfums et mes songes,
En répandant le lait de la libation,
Et je t'ai dit: "Voici les roses que je tresse,
Et voici ma jeunesse."
Seule dans mon orgueil d'amour, j'ai méprisé
Les silences amers, les rires et les blâmes,
Et, pieuse disciple, à ton autel brisé,
J'ai rallumé l'ardeur expirante des flammes:
J'ai tissé le fenouil, la rose et le cerfeuil
En guirlandes de deuil.
N'as-tu point dis, jadis, devant les cieux d'opales,
Caressant Eranna courbée à tes genoux,
Et mêlant tes cheveux noirs à ses cheveux pâles:
"Quelqu'un, dans l'avenir, se souviendra de nous.
Les Muses, à qui plaît la voix des amoureuses,
Nous firent glorieuses."
Renée Vivien
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