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Par LLA le 13 Avril 2014 à 09:07
Reste ici, homicide (lance) de bois
de cornouiller, et ne répands plus le
triste meurtre des ennemis autour de
ton ongle d'airain: mais fixée dans la
haute demeure en marbre de l'Athéna,
dis la bravoure du Crétois Echécratidas.
Quittant l'air troublé que laboure
Le glaive aux éclairs froids,
Redis au peuple la bravoure
Du valeureux Crétois.
Repose en paix, ô rouge lance!
Evoque, dans la somnolence
De ces murs au grave silence,
Les combats d'autrefois.
Dans l'ombre que l'encens parfume,
Près de l'autel serein,
Tu regrettes le sang qui fume,
Et le choc souverain;
Sur la plaine où le jour s'efface,
Mélancoliquement tenace,
Tu ne dresses plus la menace
De ton ongle d'airain.
Ici, le soir fumeux attriste
De son rire fané
Le sanctuaire d'améthyste
Et de jaspe veiné.
Repose dans la ténèbre ample
Et pacifique de ce temple,
Où la vierge aux bras blancs contemple
L'image d'Athéné.
Renée Vivien
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Par LLA le 13 Avril 2014 à 09:11
A Pan aux cheveux hérissés et aux nymphes
protectrices des bergeries, Theudotos, qui
fait paître des brebis, offrit ce présent sous
son lieu d'observation. C'est parce que, un
jour qu'il était grandement fatigué par l'été
desséchant, elles le reposèrent, lui ayant
présenté dans leurs mains une eau douce
comme le miel.
D'invisibles pipeaux charment ma solitude.
Le soir voit défleurir le mélilot des prés.
O nymphes aux yeux verts, et toi, Pan au poil rude,
Je vous offre ces fruits que l'automne a dorés.
Lorsque j'ai convoité la fraîcheur des fontaines,
Etendu sur la roche et las des longs chemins,
Vous m'avez apporté l'eau des sources lointaines,
O nymphes! dans le creux frémissant de vos mains.
Je n'ai plus redouté l'aridité des sables,
Bouclier d'or où se double l'airain du ciel,
Car j'ai bu longuement, dans vos mains pitoyables,
L'eau claire qui me fut plus douce que le miel.
Renée Vivien
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Par LLA le 13 Avril 2014 à 09:13
Moi, Hermès, j'étais debout près du
jardin ouvert aux vents, au croisement
de trois chemins, près de la mer
blanchissante, offrant aux hommes
fatigués une halte dans leur route: et
une source pure leur verse une eau
fraîche.
Ici, dans le verger où se croisent les vents,
Près du sable blanchi par le sel et l'écume,
J'accorde le repos, loin des étés fervents,
Sur l'herbe aux frissons doux que le cerfeuil parfume.
Nul vent ne fait trembler les beaux pommiers fleuris,
La charmante langueur du mélilot s'exhale,
Et, baignant l'aloès et le vert tamaris,
La fontaine jaillit, riante et virginale.
Moi, l'Hermès, dont les yeux suivent les flots d'étain,
Sur mon socle de pierre aux bords moussus, j'écoute
Le chant de l'eau plus clair que le pipeau lointain,
Et les pâtres lassés font halte sur leur route.
Renée Vivien
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Par LLA le 13 Avril 2014 à 09:15
Ce lieu est à Kupris, puisqu'il lui fut
toujours cher de voir du continent la mer
brillante, afin qu'elle puisse accorder une
navigation heureuse aux matelots; et,
tout autour, la mer tremble, voyant la
radieuse statue.
Sur les rocs ont erré les pieds nus de Kupris.
Elle aime à contempler, du haut de la falaise,
Les ondes déployant leurs violets d'iris
Dont l'immortel ennui s'exaspère et s'apaise.
Sur les flots ont erré les pieds nus de Kupris.
La vague a reconnu la voix de la Déesse
Qui jaillit autrefois du délicat embrun,
Blonde sous le jour blond que la tiédeur oppresse,
Et respirant l'iode ainsi qu'un frais parfum.
La vague a reconnu la voix de la Déesse.
Son image a dompté le courroux de la mer.
Elle accorde la paix et le soleil aux voiles,
Et, souriant aux nefs de son visage clair,
Elle fait resplendir les nuits belles d'étoiles.
Son image a dompté le courroux de la mer.
Renée Vivien
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