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                                    Reste ici, homicide (lance) de bois

                                    de cornouiller, et ne répands plus le

                                    triste meurtre des ennemis autour de

                                    ton ongle d'airain: mais fixée dans la

                                    haute demeure en marbre de l'Athéna,

                                    dis la bravoure du Crétois Echécratidas.

     

    Quittant l'air troublé que laboure

      Le glaive aux éclairs froids,

    Redis au peuple la bravoure

      Du valeureux Crétois.

    Repose en paix, ô rouge lance!

    Evoque, dans la somnolence

    De ces murs au grave silence,

      Les combats d'autrefois.

     

    Dans l'ombre que l'encens parfume,

      Près de l'autel serein,

    Tu regrettes le sang qui fume,

      Et le choc souverain;

    Sur la plaine où le jour s'efface,

    Mélancoliquement tenace,

    Tu ne dresses plus la menace

      De ton ongle d'airain.

     

    Ici, le soir fumeux attriste

      De son rire fané

    Le sanctuaire d'améthyste

      Et de jaspe veiné.

    Repose dans la ténèbre ample

    Et pacifique de ce temple,

    Où la vierge aux bras blancs contemple

      L'image d'Athéné.

     

    Renée Vivien


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                               A Pan aux cheveux hérissés et aux  nymphes

                               protectrices des bergeries, Theudotos, qui

                               fait paître des brebis, offrit ce présent sous

                               son lieu d'observation. C'est parce que, un

                               jour qu'il était grandement fatigué par l'été

                               desséchant, elles le reposèrent, lui ayant

                               présenté dans leurs mains une eau douce

                               comme le miel.

     

    D'invisibles pipeaux charment ma solitude.

    Le soir voit défleurir le mélilot des prés.

    O nymphes aux yeux verts, et toi, Pan au poil rude,

    Je vous offre ces fruits que l'automne a dorés.

     

    Lorsque j'ai convoité la fraîcheur des fontaines,

    Etendu sur la roche et las des longs chemins,

    Vous m'avez apporté l'eau des sources lointaines,

    O nymphes! dans le creux frémissant de vos mains.

     

    Je n'ai plus redouté l'aridité des sables,

    Bouclier d'or où se double l'airain du ciel,

    Car j'ai bu longuement, dans vos mains pitoyables,

    L'eau claire qui me fut plus douce que le miel.

     

    Renée Vivien


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                                    Moi, Hermès, j'étais debout près du

                                    jardin ouvert aux vents, au croisement

                                    de trois chemins, près de la mer

                                    blanchissante, offrant aux hommes

                                    fatigués une halte dans leur route: et

                                    une source pure leur verse une eau

                                    fraîche.

     

    Ici, dans le verger où se croisent les vents,

    Près du sable blanchi par le sel et l'écume,

    J'accorde le repos, loin des étés fervents,

    Sur l'herbe aux frissons doux que le cerfeuil parfume.

     

    Nul vent ne fait trembler les beaux pommiers fleuris,

    La charmante langueur du mélilot s'exhale,

    Et, baignant l'aloès et le vert tamaris,

    La fontaine jaillit, riante et virginale.

     

    Moi, l'Hermès, dont les yeux suivent les flots d'étain,

    Sur mon socle de pierre aux bords moussus, j'écoute

    Le chant de l'eau plus clair que le pipeau lointain,

    Et les pâtres lassés font halte sur leur route.

     

    Renée Vivien


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                                    Ce lieu est à Kupris, puisqu'il lui fut

                                    toujours cher de voir du continent la mer

                                    brillante, afin qu'elle puisse accorder une

                                    navigation heureuse aux matelots; et,

                                    tout autour, la mer tremble, voyant la

                                    radieuse statue.

     

    Sur les rocs ont erré les pieds nus de Kupris.

    Elle aime à contempler, du haut de la falaise,

    Les ondes déployant leurs violets d'iris

    Dont l'immortel ennui s'exaspère et s'apaise.

    Sur les flots ont erré les pieds nus de Kupris.

     

    La vague a reconnu la voix de la Déesse

    Qui jaillit autrefois du délicat embrun,

    Blonde sous le jour blond que la tiédeur oppresse,

    Et respirant l'iode ainsi qu'un frais parfum.

    La vague a reconnu la voix de la Déesse.

     

    Son image a dompté le courroux de la mer.

    Elle accorde la paix et le soleil aux voiles,

    Et, souriant aux nefs de son visage clair,

    Elle fait resplendir les nuits belles d'étoiles.

    Son image a dompté le courroux de la mer.

     

    Renée Vivien


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