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Par LLA le 30 Juin 2014 à 13:37
Le soir ranime un peu le parfum de ces fleurs.
Si vous le voulez bien, admirons-les ensemble.
Mon coeur est affranchi de ses vieilles douleurs
Et ma sérénité ne veille ni ne tremble.
Il est tant de beauté sur la terre. Voyez,
Elle est belle, comme en sa naissance première.
Voici que, sous nos pas, des astres dévoyés
Jettent, superbement, leurs éclats de lumière.
Voici descendre enfin sur nous la belle nuit
Si douce à qui se meurt, à qui se désespère,
Où notre âme, fluide ainsi qu'une eau, s'enfuit
Sans ancres et sans mâts et sans point de repère.
Pour ceux qui sont lassés de l'azur et du jour,
Le soir est un asile, un sanctuaire, un temple.
... Pourquoi me parlez-vous d'amour, toujours d'amour?
Je suis tranquille et suis assise et je contemple.
Renée Vivien
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Par LLA le 30 Juin 2014 à 13:40
Pour moi ce qu'on désire
Je l'ai méprisé.
Sapho.
Pour moi, ni l'amour triomphant, ni la gloire,
Ni le souffle vain d'hommages superflus,
Mais la paix d'un coin dans une maison noire
Où l'on n'aime plus.
Je sais qu'ici-bas jamais rien ne fut juste,
Je fus patiente en attendant la mort.
J'ai tu ma douleur, et quoiqu'il fût injuste
J'ai subi mon sort.
Pour moi, ni l'accueil bienveillant ni les fêtes,
Mais l'apaisement d'un très profond soupir,
Le silence noir qui succède aux défaites
Et le souvenir.
Renée Vivien
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Par LLA le 30 Juin 2014 à 13:42
Entre dans mon royaume, envahis mon empire.
La grande salle a des colonnes de porphyre...
Nous y célébrerons les lumineux festins
Et nous réjouirons avec les morts hautains
Et les mortes charmantes.
Les princesses et les reines et les amantes,
Paradant et riant comme en leurs plus beaux jours,
Revêtiront pour nous leurs glorieux atours.
Regarde, les voici, très grandes, très sereines,
Celles qui furent Reines.
Le long cortège des sibylles et des rois
Se déroule, portant la pourpre d'autrefois.
N'as-tu point reconnu, fantômes sous la lune,
Rosemonde très blonde, Anne Boleyn très brune
Et Bess aux cheveux roux?
Vois, devant ton regard orgueilleusement doux,
Passer, chantant, pleurant ou riant, toutes celles
Qui régnèrent, que l'on aima, qui furent belles.
Les fontaines ont des flammes parmi leurs jets
Pour charmer tes sujets.
Un grand prêtre ceindra ton front de la couronne.
Devant cette assemblée illustre, entends: j'ordonne
Qu'ici tout, désormais, te demeure soumis,
Que tes voeux soient mes voeux, mes amis tes amis,
O volonté royale!
Franchis le seuil de cette ancienne cathédrale
Que j'ai bâtie avec mes songes dans le soir.
On a paré la nef pour mieux te recevoir.
Entre, sous le plafond semblable au creux d'un dôme,
Reine dans mon royaume.
Renée Vivien
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Par LLA le 30 Juin 2014 à 13:45
A.
Femmes, pour revêtir ce corps dans le tombeau
Avez-vous su tisser un linceul assez beau?
B.
Avec un soin pieux nous l'avons embaumée,
Cette morte qui fut pour nous la soeur aimée.
A.
Joignez les mains, priez pour l'âme qui s'enfuit,
Et s'éloigne, très triste et seule, dans la nuit...
B.
Nous pleurons sur la mort ce celle qui fut belle
Et pour qui nous tramons ce linceul de dentelle...
A.
Prouvez-lui votre amour et votre loyauté
En servant dans la mort sa dernière beauté!
B.
Tissons pour cette morte adorable et chérie
Un voile comparable au voile de Marie...
A.
Disposez avec art ses cheveux sur son front,
Sachant qu'à votre tour d'autres vous pareront.
B.
Nous cueillons, en pleurant, les tristes asphodèles...
Dieu bienfaisant, donnez à cette âme des ailes!
Renée Vivien
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Par LLA le 30 Juin 2014 à 13:47
Elle viendra tantôt, cette femme que j'aime!
Son voile aux plis flottants a de nobles ampleurs...
Vous qui savez chanter, chantez un beau poème...
Et parsemez de fleurs et de fleurs et de fleurs
Le chemin lumineux de la femme que j'aime.
Elle viendra vers moi, très blanche dans le soir,
Cette femme que j'aime entre toutes les femmes!
Elle a le don de se vêtir et se mouvoir
Et de marcher sans bruit ainsi que font les âmes...
Combien son pas léger est charmant dans le soir!
Qui dira la beauté de Celle qui s'approche
Et m'apporte son coeur entre ses tendres mains?
Son visage est parfait, son corps est sans reproche,
Son regard ne craint pas l'ombre des lendemains.
Elle sait que je l'aime, Elle vient et s'approche...
Vierges qui l'attendez, éteignez les flambeaux,
Disposez autour d'elle ainsi qu'une parure
L'ombre douce qui rend les visages plus beaux,
Le regard plus profond et la ligne plus pure...
Je l'entends... Elle vient... Eteignez les flambeaux.
Renée Vivien
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