•  

                                    Cependant elle n'est point perdue pour

                                    la mémoire des hommes, ni cachée sous

                                    l'aile ombreuse de la nuit noire.

     

     

    L'heure est ardente et solennelle,

      Et Psappha, se penchant

    Vers Eranna, pleure comme elle

      L'Adonis du couchant.

    Parmi l'éclair des bandelettes

    Et les tiédeurs des cassolettes,

    La Tisseuse de Violettes

      Trame les fleurs du chant.

     

    Au lointain, l'aimable hirondelle

      Pointe et darde son vol,

    Et les prés ont la sauterelle

      Pour humble rossignol.

    La vague meurt dans une étreinte;

    Sur la montagne, l'hyacinthe

    Ensanglante de pourpre éteinte

      La matité du sol.

     

    Psappha tourne vers sa disciple

      Son regard vaste et doux,

    Profond comme le soir multiple

      Sur l'onde sans remous.

    Elle parle, et l'ombre révère

    La beauté de son front sévère:

    Quelqu'un, dans l'avenir larvaire,

      Se souviendra de nous.

     

    Renée Vivien


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :