-
Par LLA le 11 Novembre 2013 à 13:28
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l'âme d'arc-en-ciel,
Le frémissement, l'orage et la détresse
De mon long appel.
J'ai longtemps rêvé: ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l'effroi de l'éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.
Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l'écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.
Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l'or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.
Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers,
Qui resplendissait de lueurs d'asphodèles
Et de roux éclairs.
Déchaînant les pleurs et l'angoisse des rires,
Tu quittas l'aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.
Et toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas: "D'où vient l'anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté?
"Qui te fait souffrir de l'âpre convoitise?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d'argent, te trahit et méprise,
Psappha, ton amour?
"Tu ne sauras plus les langueurs de l'attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas.
Elle t'ouvrira, comme la Nuit ardente,
L'ombre de ses bras.
"Et tremblante ainsi qu'une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.
"Par un soir brûlant de rubis et d'opales
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers."
Renée Vivien
votre commentaire -
Par LLA le 11 Novembre 2013 à 13:36
L'homme fortuné qu'enivre ta présence
Me semble l'égal des Dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence,
Et moi, sanglotant,
Je frissonne toute, et ma langue est brisée:
Subtile, une flamme a traversé ma chair,
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Apre de la mer;
Un bourdonnement remplit de bruits d'orage
Mes oreilles, car je sombre sous l'effort,
Plus pâle que l'herbe, et je vois ton visage
A travers la mort.
Renée Vivien
votre commentaire -
Par LLA le 11 Novembre 2013 à 13:39
Je t'aimais, Atthis, autrefois...
Le soir fait fleurir les voluptés fanées,
Le reflet des yeux et l'écho de la voix...
Je t'aimais, au long des lointaines années,
Atthis, autrefois.
Renée Vivien
votre commentaire -
Par LLA le 11 Novembre 2013 à 13:40
... Tu m'oublies...
L'eau trouble reflète, ainsi qu'un vain miroir,
Mes yeux sans lueurs, mes paupières pâlies.
J'écoute ton rire et ta voix dans le soir...
Atthis, tu m'oublies.
Tu n'as point connu la stupeur de l'amour,
L'effroi du baiser et l'orgueil de la haine;
Tu n'as désiré que les roses d'un jour,
Amante incertaine.
Renée Vivien
votre commentaire -
Par LLA le 11 Novembre 2013 à 13:43
Atthis, ma pensée t'est haïssable
et tu fuis vers Androméda.
Tu hais ma pensée, Atthis, et mon image.
Cet autre baiser, qui te persuada,
Te brûle, et tu fuis, haletante et sauvage,
Vers Androméda.
Renée Vivien
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique