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                                    Envers vous, belles, ma pensée

                                    n'est point changeante.

     

    Je ne change point, ô vierges de Lesbôs!

    Lorsque je poursuis la Beauté fugitive,

    Tel le Dieu chassant une vierge au peplos

                    Très blanc sur la rive.

     

    Je n'ai point trahi l'invariable amour.

    Mon coeur identique et mon âme pareille

    Savent retrouver, dans le baiser d'un jour,

                    Celui de la veille.

     

    Et j'étreins Atthis sur les seins de Dika.

    J'appelle en pleurant, sur le seuil de sa porte,

    L'ombre, que longtemps ma douleur invoqua,

                    De Timas la morte.

     

    Pour l'Aphrodita j'ai dédaigné l'Erôs,

    Et je n'ai de joie et d'angoisse qu'en elle:

    Je ne change point, ô vierges de Lesbôs,

                    Je suis éternelle.

     

    Renée Vivien


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                                    Viens, Déesse de Kuprôs, et verse

                                    délicatement dans les coupes d'or le

                                    nektar mêlé de joies.

     

    Fille de Kuprôs, dont le regard foudroie,

    Délicatement de tes mains verse encor

    Le nektar mêlé d'amertume et de joie

                    Dans les coupes d'or.

     

    Renée Vivien


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                                    ... quant à mon sanglot: et que les

                                    vents orageux l'emportent pour les

                                    souffrances.

     

    Que le vent du soir emporte mon sanglot

    Vers l'accablement des cités et des plaines;

    Qu'il l'emporte, afin de le mêler au flot

                    Des douleurs lointaines.

     

    Qu'il l'emporte, ainsi qu'un pitoyable appel,

    Plus grave et plus doux que la vaine parole...

    Que, dans l'infini, mon sanglot fraternel

                    Apaise et console.

     

    Renée Vivien


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                                    Et certes j'ai couché dans un songe

                                    avec la fille de Kuprôs.

     

    Je t'ai possédée, ô fille de Kuprôs!

    Pâle, je servis ta volupté cruelle...

    Je pris, aux lueurs du flambeau d'Hespérôs,

                    Ton corps d'Immortelle.

     

    Et ma chair connut le soleil de ta chair...

    J'étreignis la flamme et l'ombre et la rosée,

    Ton gémissement mourait comme la mer

                    Lascive et brisée.

     

    Mortelle, je bus dans la coupe des Dieux,

    J'écartai l'azur ondoyant de tes voiles...

    Ma caresse fit agoniser tes yeux

                    Sur ton lit d'étoiles...

     

    Depuis, c'est en vain que la nuit de Lesbôs

    M'appelle, et que l'or du paktis se prolonge...

    Je t'ai possédée, ô fille de Kuprôs,

                    Dans l'ardeur d'un songe.

     

    Renée Vivien


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                                    Et certes j'ai parlé en songe avec

                                    la fille de Kuprôs.

     

    Un clair souvenir se rythme et se prolonge

    Comme un son de lyre indécis et voilé...

    Fille de Kuprôs, je t'ai jadis parlé

                    A travers un songe.

     

    Renée Vivien


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