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... chère aux Muses et à elle aussi...
O Lesbos, je suis chère à Psappha l'Immortelle.
Elle entend, dans l'Hadès, mes fugaces accords
Et la vierge de mon désir lui semble belle.
Elle sourit parmi le nuage des Morts,
Quand je viens, attisant les tièdes cassolettes,
Cueillir ses violettes.
Je t'ai cherchée, ô fleur des Kharites! ô toi
Qu'on désire à travers les formes adorées,
Dans le mélos ployé sous une exacte loi
Et dans les flots sereins d'une mer sans marées,
Dans le rêve des gris oliviers, dans le chant
Funèbre du couchant.
Je n'ai point écouté les faiseurs de mensonges
Dont le souffle a terni la clarté de ton nom:
Je suis venue avec mes parfums et mes songes,
En répandant le lait de la libation,
Et je t'ai dit: "Voici les roses que je tresse,
Et voici ma jeunesse."
Seule dans mon orgueil d'amour, j'ai méprisé
Les silences amers, les rires et les blâmes,
Et, pieuse disciple, à ton autel brisé,
J'ai rallumé l'ardeur expirante des flammes:
J'ai tissé le fenouil, la rose et le cerfeuil
En guirlandes de deuil.
N'as-tu point dis, jadis, devant les cieux d'opales,
Caressant Eranna courbée à tes genoux,
Et mêlant tes cheveux noirs à ses cheveux pâles:
"Quelqu'un, dans l'avenir, se souviendra de nous.
Les Muses, à qui plaît la voix des amoureuses,
Nous firent glorieuses."
Renée Vivien
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