• A LA DIVINITE INCONNUE

     

     

    J'aspire auprès de toi le silence et le charme

    Des nuits où la douleur se plaît à demeurer,

    Toi qu'on ne voit jamais essuyer une larme,

    Mais dont parfois j'entends la grande âme pleurer.

     

    Le miroir réfléchit tes chastes attitudes,

    Et tu fuis le factice et le faste et le fard.

    Tes lèvres ont gardé le pli des solitudes

    Et l'accent des bonheurs qui nous viennent trop tard.

     

    Le décor de ton deuil est la chambre sereine

    Où meurt languissamment le bruit lointain des eaux.

    Les souffles de la mer n'ont soulevé qu'à peine

    Le soir perpétuel sous l'ombre des rideaux.

     

    Vers toi le songe pur de mon âme s'élève,

    Mon angoisse ne cherche point à s'apaiser,

    Car tu m'es inconnue et n'existes qu'en rêve.

    C'est pourquoi je t'adore au-dessus du baiser.

     

     

    Renée VIVIEN - Evocations - 1903 


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