• HYMNE A LA LENTEUR

     

    Parmi les thyms chauffés et leur bonne senteur

    Et le bourdonnement d'abeilles inquiètes,

    J'élève un autel d'or à la bonne Lenteur

    Amie et protectrice auguste des poètes.

     

    Elle enseigne l'oubli des heures et des jours

    Et donne, avec le doux mépris de ce qui presse,

    Le sens oriental de ces belles amours

    Dont le songe parfait naquit de la paresse.

     

    Daigne nous inspirer le distique touchant

    Qui réveille en pleurant la mémoire dormante,

    O Lenteur! toi qui rends plus suave un beau chant

    Mélancolique et noble et digne de l'amante!

     

    Inspire les amours, toi qui sais apaiser,

    Retenir plus longtemps et rendre plus vivace

    Et plus suave encore un suave baiser,

    Et révèles la gloire entière de la face.

     

    Nous ployons devant toi nos dociles genoux,

    La contemplation nous étant chère encore...

    Puisque nous t'honorons, demeure parmi nous,

    Toi que nous adorons, ô Lenteur que j'adore!

     

    Renée Vivien


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