• Offrandes à l'Aphrodite

     

                                    Sois placée sous le portique d'or de

                                    l'Aphrodita, ô grappe, pleine de la sève

                                    de Dionysos: ta mère, t'ayant fait naître

                                    sur le sarment aimable, ne produira plus

                                    sur ta tête sa feuille de nektar.

     

    O grappe, que l'ardeur des soirs ensanglanta

    De chauds reflets, repose en ta pourpre moirée,

    Sous le portique d'or de la Maison sacrée

    Où, les yeux triomphants, règne l'Aphrodita.

     

    Tu bleuissais parmi les fauves chevelures

    Des Bacchantes, ô grappe à l'haleine de miel,

    Par les soirs opulents, où la terre et le ciel

    N'étaient plus qu'un verger bourdonnant de murmures.

     

    La vigne, qui berçait ton odorant sommeil,

    Ne te courbera plus sous l'étreinte des vrilles,

    Et tu n'offriras plus aux brunes jeunes filles

    Ta coupe où débordait la sève du soleil.

     

    Renée Vivien


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